« Ce n'est pas un Etat, c'est un hold-up »

Publié le par Grand Beau et Riche Pays

mercredi 25 avril 2007    http://congoreading.blogspot.com/2007/04/ce-nest-pas-un-etat-cest-un-hold-up.html

« Ce n'est pas un Etat, c'est un hold-up » : Le pillage continue

Le Nouvel Observateur René Lefort Corruption et prédation, pratiquées à la fois par la classe politique et des entreprises étrangères, étaient les deux piliers du système Mobutu. Malgré l'intervention massive et musclée de la communauté internationale, la « transition démocratique » et l'élection de Joseph Kabila, rien n'a changéIl se taisait. Obstinément. Depuis son annonce de «la fin de la récréation», le 6 décembre 2006, lors de son intronisation présidentielle, rien n'avait fait sortir Joseph Kabila de son silence. Ni le massacre d'une centaine de manifestants contre la corruption qui avait entaché l'élection du gouverneur au Bas-Congo - et celle d'autres responsables. Ni la pantalonnade du «ministre fantôme», un inconnu nommé au Commerce extérieur mais toujours introuvable. Ni la tension frontalière avec l'Angola dans la zone diamantifère de Kahemba, que la presse congolaise qualifiait d'«invasion».

Le tout jeune président - 36 ans - semblait vouloir parfaire sa réputation : secret et mutique. Mais, les 22 et 23 mars, le centre de Kinshasa s'embrase. Les troupes aux ordres de Kabila affrontent la garde de l'ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, chef de file de l'opposition, qui a recueilli 42% des voix à la présidentielle. Le président lance son artillerie et ses tanks. Les morts, surtout civils, se comptent par centaines. Pillages, viols et exécutions sommaires... La communauté internationale s'alarme. Le silence assourdissant du sphinx devient intenable.
Alors il parle. «Le président Kabila que vous avez connu avant les élections n'est plus le même», annonce-t-il en ouvrant sa conférence de presse du 26 mars. «Le Kabila nouveau est arrivé», titre le lendemain un quotidien kinois. Certes, il reste avare de ses mots, qu'il lâche comme au compte-gouttes, d'une voix fluette et monocorde. Mais, enrobé d'un sourire narquois et matois, le ton est hautain. Fini les négociations et les compromis. Les troubles, d'où qu'ils viennent, appellent une «remise en ordre [...] militaire et sécuritaire dans les plus brefs délais», fût-ce au prix de quelques «dérapages». Geste à l'appui, Joseph Kabila va jusqu'à balayer d'un revers de main les critiques de la communauté internationale, lui signifiant qu'il est désormais seul maître à bord, aux commandes d'un grand pays. Par son étendue, sa population et son potentiel naturel : eau, bois - la deuxième forêt équatoriale de la planète -, minéraux - le sixième des réserves mondiales de cuivre, la moitié de celles de cobalt, étain, uranium, or, diamants... à foison. Mais son niveau de vie relègue le Congo en queue des classements planétaires. La surmortalité due à la malnutrition et aux maladies décime chaque mois 40 000 Congolais qui subissent «la crise humanitaire la plus meurtrière au monde depuis soixante ans», selon l'ONG américaine International Rescue Committee. Trois décennies de mobutisme, puis six années d'un conflit qui fut le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale (4 millions de victimes) avaient précipité le Congo au fond du gouffre. La classe politique congolaise et les entrepreneurs étrangers, la main dans la main, ou plutôt la poche dans la poche, ont réussi, si l'on peut dire, à l'y maintenir.

Pendant la transition - soit les quatre années séparant les accords de paix entre les seigneurs de la guerre et leurs parrains étrangers, qui s'étaient partagé le pays, et la fin du processus électoral -, la corruption a battu ses propres records congolais. Entre les deux tiers et les trois quarts des recettes fiscales n'ont jamais atteint les caisses de l'Etat. Un quart du budget national, dont les bailleurs internationaux financent pourtant plus de la moitié, s'est évaporé, sans qu'il faille en déduire que le reste aurait été convenablement dépensé. Plus la fin de la transition approchait, plus la voracité de ses animateurs s'aiguisait puisque ceux qui allaient perdre les élections savaient qu'ils seraient privés de leur part du gâteau. Des ministres ont laissé à leur successeur un bureau nu, emportant à leur départ tout le mobilier, jusqu'aux rideaux.

Les nouveaux promus du gouvernement «éléphantesque» - soixante membres - sont-ils plus mesurés depuis que le «patriarche» Antoine Gizenga, l'irréductible opposant à Mobutu devenu Premier ministre, s'attaque en priorité à la corruption ? Après un tour des ministères pour proposer ses services, un expert d'un cabinet d'études est revenu stupéfait du décalage entre la situation du pays et l'attitude de ses dirigeants. «Non seulement leurs dossiers sont vides, a-t-il constaté, mais ils sont encore plus gourmands qu'au Gabon ou au Cameroun! La plupart sont des néophytes avec une carrière très ordinaire et, au mieux, une bicoque et une vieille bagnole. Ils se disent : c'est maintenant ou jamais!» A tort ? Pendant toute la transition, personne n'a été condamné pour corruption. L'impunité est totale. L'exemple vient d'en haut. Si les donateurs institutionnels restent discrets, International Crisis Group place «l'espace présidentiel» en tête de liste.

A corruption record, pillage record, et réciproquement. Le Congo, l'un des derniers eldorados de la planète, en est devenu le Far West. Au moins, pendant « l'âge d'or » de Mobutu, la fameuse Gécamines du Katanga fournissait à elle seule 25% à 30% des ressources de l'Etat, et un niveau de vie remarquable à ses dizaines de milliers d'employés. La libéralisation « made in Banque mondiale » a «restructuré» tout le secteur minier. Au terme de cette «privatisation opaque et anarchique», comme la qualifie l'ONG Fatal Transaction, les fleurons de ce secteur parapublic ont été démantelés, ses avoirs liquidés, ses salariés licenciés. Aujourd'hui, un million de « creuseurs » artisanaux peinent à survivre en bradant la matière brute qu'ils extraient à des intermédiaires qui l'exportent frauduleusement. Un exemple entre mille : une commission des Nations unies a estimé que l'Ouganda importait dix fois plus d'or du Congo que celui-ci n'en exportait officiellement.

Par ailleurs, pour payer leurs alliés, leurs milices, ou simplement s'enrichir, les seigneurs de la guerre congolais ont créé des joint-ventures avec des entrepreneurs étrangers. Ils ont fait main basse sur d'énormes concessions devenues des enclaves bunkérisées. Les emplois y sont comptés. Les obligations sociales imposées par le nouveau Code minier, pourtant ultralibéral, sont rarement respectées. Quant aux contrats, même le FMI a dû admettre qu'ils devaient être «revus» puisque «la plupart offrent des avantages fiscaux considérables à des firmes étrangères, au détriment de l'Etat congolais». Une commission parlementaire a estimé en 2005 que celui-ci y avait perdu, depuis le début de la guerre, en 1996, 11 milliards de dollars, soit près de deux ans de PIB. Aujourd'hui, le secteur minier contribue pour moins de 1% au budget public. Sans revenus, l'Etat est une coquille vide. Sans Etat fort, pas de revenus. Le vieil adage : «Ce n'est pas un Etat, c'est un hold-up» se confirme toujours.

Corruption et prédation, pratiquées en symbiose par la classe politique et des entreprises étrangères, étaient deux piliers du système mobutiste. Elles fleurissent toujours. Selon un groupe d'ONG internationales qui les dénonce, la responsabilité première en incombe « au clan katangais de Kabila et à ses courtiers politiques». Mobutu avait ajouté un troisième pilier : l'autocratisme. Il revient. La métamorphose de Kabila suit l'élimination de son principal rival. Bemba est en exil au Portugal. Le procureur général a demandé la levée de son immunité de sénateur afin de le poursuivre «en tant qu'auteur intellectuel des infractions commises par des militaires chargés de sa sécurité». L'opposition a «suspendu» sa présence à l'Assemblée aussi longtemps que durera «un climat de terreur» contre ses élus, ses militants, son réseau audiovisuel.

Les parrains internationaux de la «transition démocratique» s'extasiaient de ce «succès majeur pour le continent africain». L'intervention étrangère, massive et musclée, avait réussi à imposer une paix relative aux belligérants congolais et à leurs mentors des pays voisins, ainsi que des élections à peu près correctes. Ce n'était pas de minces succès. Mais aujourd'hui les mêmes parrains tombent de haut. Après les affrontements, l'Union européenne, «indignée», déclare qu'elle «n'acceptera pas que l'expérience démocratique congolaise puisse être compromise». Fort bien, mais comment ? Pendant ses quatre années de quasi-tutelle sur le Congo, la communauté internationale n'a ni pu ni peut-être voulu changer les fondamentaux de la donne congolaise, qu'il s'agisse des dirigeants ou de leurs pratiques. Elle a déversé 6 milliards de dollars sans contrôler leur utilisation, et elle a laissé le pillage exploser. Elle a déjà promis 2 milliards de dollars pour les cinq ans à venir - le gouvernement en demande 7 - avec d'autant moins de garantie sur leur utilisation que Kabila se sent désormais suffisamment fort pour interdire à des «conquistadors» de mettre le nez dans les affaires congolaises.

Surtout, la communauté internationale récolte les fruits de sa stratégie. Elle circonscrivait le règlement de la crise congolaise aux seuls belligérants - qui en étaient les responsables - et bloquait donc l'émergence d'une force alternative « civile », plus présentable. Elle misait tout sur l'établissement au forceps d'institutions démocratiques, au moins sur le papier, comme si leur libre jeu allait finir par convertir les rivaux armés en démocrates et anéantir leur système de prédation. Un parti d'opposition vient d'en résumer crûment le résultat : l'intervention étrangère a scellé «une association entre seigneurs de la guerre d'hier, transformés par la volonté de leurs parrains en acteurs politiques, et pilleurs-prédateurs, toutes nations confondues».Erreur de jugement ou choix délibéré ? Pour ses critiques, cette stratégie n'avait qu'une priorité : stabiliser le Congo, et qu'une finalité : le confier à un homme à poigne. Le redressement du pays, « bonne gouvernance » incluse, attendrait des jours meilleurs. Longtemps ? Comme le relevait l'ambassadeur du Royaume-Uni, «nous avons pensé que nous avions guéri l'esprit de guerre avec des élections libres et transparentes. Il est toujours là».

La tribalisation progresse dans l’armée Joseph Kabila est péremptoire : «Nous sommes capables de mener des opérations militaires sur tout le territoire national.» Pure rodomontade... Malgré les démentis, le renfort angolais a été indispensable pour mater les quelques centaines d'hommes de Jean-Pierre Bemba. Puisqu'il ne peut en venir à bout, le pouvoir négocie le ralliement des chefs rebelles de l'Est, y compris les auteurs des pires atrocités, en leur donnant du galon dans l'armée «intégrée et républicaine».

Elle n'est ni l'un ni l'autre. Le « brassage » des troupes des ex-belligérants n'efface pas les anciennes divisions. La « tribalisation » progresse au profit des Katangais. Mal équipées, mal entretenues, mal payées - 25 dollars par mois pour un soldat, quand il les touche -, ces troupes sont les principales responsables des prédations, pillages, viols, crimes et massacres. Les centaines de millions de dollars investis par la communauté internationale ont fini dans les poches du commandement ou ont été dilapidées, faute de cohérence dans l'action et de volonté politique. Pour un officier supérieur occidental qui suit ce secteur de près, «tout reste à faire, à commencer par décapiter le sommet de l'armée».



Arrêt de travail à l’Ofida/Kinshasa

Le Potentiel DIOSSO OLIVIER Les agents de l’Office des douanes et accises (Ofida/Kinshasa) observent un arrêt de travail depuis le lundi 23 avril dernier. Pour les « grévistes », à en croire le président de leur délégation syndicale, Taty Sungani Landu, ce mouvement de « grève » a une durée d’un mois. Et pour cause. La contestation des décisions de justice rendues respectivement par le tribunal de grande instance et la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe à dans l’affaire Estagri-Ofida. Jugements condamnant ce dernier au paiement de 289.065.127 Fc, soit l’équivalent de 654.076 dollars américains. Pour cela, le personnel des douanes congolaises a manifesté son mécontentement en organisant une marche de protestation, le lundi dernier, de la direction générale à la Primature et au Palais de justice dans la commune de la Gombe. Les agents de cet Office contestent non seulement les juridictions qu’ils estiment incompétentes, mais aussi les juges pour « partialité ». En outre, ils sont décidés de ne voir aucune somme importante sortir de la caisse de cette régie financière. Le paiement de leurs salaires et autres avantages en dépendrait.

LE SON DE CLOCHE DE ESTAGRI Réagissant lors d’un point de presse qu’il a tenu le même lundi 23 avril en son cabinet sur le boulevard du 30 juin, commune de la Gombe, l’avocat-conseil de la société Entreprise des services de transports et agriculture (Estagri) Sprl, Jean-Paul Koso, a donné la version des faits de Estagri. Il a fait remarquer que cette créance d’environ 654.000 Usd provient notamment de l’expertise de tout le patrimoine immobilier de l’Ofida en RDC pour son assurance. Cela depuis 1993. Et que c’est depuis cinq ans que Estagri Sprl est en procès contre l’Ofida. En date du 31 mars 2006, cette entreprise a procédé à la saisie-exécution des fonds de l’Ofida logés dans les banques de Kinshasa dont City Bank. Curieusement, a fait observer l’avocat-conseil Koso, l’Ofida donnera injonction à ces banques de ne pas procéder au paiement. Ce qui amènera la partie Estagri à recourir à la voie d’assignation, pour le décaissement des espèces saisies en faveur de la caisse du greffe compétent en vue du paiement. Un jugement contradictoire a été rendu par le tribunal de grande instance. Et Me Koso de préciser qu’ « un tel jugement n’est susceptible ni d’appel ni d’opposition. »

En date du 19 avril 2007, la City Bank établit un chèque non endossable de 289.065.127,20 Fc au nom du greffe du Tribunal de grande instance. Ce chèque est retenu à ce Tribunal au lieu d’être mis à la disposition du greffe. Pour Me Koso, cette rétention s’apparente à une extorsion. Il revient également à la partie civile d’apprendre que l’Ofida interjettera appel jusqu’à obtenir la mainlevée de la saisie-arrêt par jugement rendu par le même Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe et la surséance décrétée par l’inspecteur général des services judiciaires.


La Fec appelle à un assainissement du climat des affaires


Le Phare http://www.lepharerdc.com/www/index_view.php?storyID=2737&rubriqueID=12 Les affaires ne vont pas bien en RDC. Le climat général est vicié par des problèmes de tous ordres. Cette plainte est de la Fédération des entreprises du Congo dont une délégation conduite par son président, M. Yuma, a rencontré la semaine dernière, Joseph Kabila.

La sécurité juridique : encore un long chemin à parcourir Le président Yuma et sa suite ont soulevé l’épineux problème de la sécurité juridique et judiciaire. La plupart des opérateurs économiques se plaignent en effet, des certaines lois économiques et commerciales dépassées qui ne sont pas appliquées ou le sont encore et qui requièrent actualisation dans le contexte politico-économique actuel, de celles foulées au pied par les agents de l’Etat.La Fec relève surtout les saisies judiciaires opérées sur les comptes des sociétés, le patrimoine ou l’outil de production des entreprises, les jugements iniques et les condamnations aux fortes peines et dommages-intérêts mettant en péril la survie de l’entreprise, sans tenir compte de son impact socio-économique dans notre pays.Ces décisions judiciaires ont poussé la plupart des investisseurs étrangers à liquider leurs entreprises, remettre au chômage de nombreux compatriotes, avant de s’envoler sous d’autres cieux plus cléments. Ce genre des désagréments a été épinglé par les sociétésnon en règle vis-à-vis du fisc et qui ont été acculées par voie de redressement, à la fermeture d’une partie ou de toute l’entreprise. Ce qui décourage les opérateurs économiques et entraîne un mouvement général de désinvestissement pour les nouveaux investisseurs.Au-delà de la sécurité des affaires, il y a aussi la sécurité de la personne physique de l’investisseur confronté à la criminalité entretenue par la pègre.

La multiplicité des taxes et les tracasseries policières Les opérateurs économiques se plaignent de la multiplicité des taxes et le règne des tracasseries administra-tives et policières. Tant des taxes légales perçues par les services centraux de l’Etat à Kinshasa, sont également imposées aux entreprises, dans les entités administratives décentralisées, sous d’autres dénominations, sans retombées sur l’amélioration du vécu quotidien des populations locales ou de son environnement économique. Trop des taxes en effet tuent l’activité économique.Les opérateurs économiques font face au quotidien aux tracasseries administratives et policières des agents de l’Etat de tous ordres. Il s’agit des contrôles pour les documents d’exploitation de l’activité commerciale, les documents comptables et les relevés de la situation fiscale. Ces contrôles sont effectués par des services différents ou par des agents d’un même service public, chacun venant à son tour, tous munis des ordres de mission à durée indéterminée. L’assainissement du climat des affaires, c’est donc l’élimination de toutes ces tracasseries qui débutent déjà à l’arrivée des investisseurs à partir de l’aéroport international de Ndjili, qui continuent avec la réalisation de chaque étape du projet jusqu’au développement des activités. La Fec exige donc que les investisseurs soient désormais considérés comme des partenaires du développement économique de la RDC et non comme des simples négociants à la sauvette, sans un investissement porteur de retombées positives pour la population locale.

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