Ne pas décevoir l' espoir

Publié le par Grand Beau et Riche Pays

lundi 12 mars 2007 http://congoreading.blogspot.com/2007/03/mise-en-garde-des-vques-de-lubumbashi.html

Ne pas décevoir l' espoir

MISE EN GARDE DES ÉVÊQUES DE LUBUMBASHI, « NE PAS DÉCEVOIR L’ESPOIR »

Misna

La « réjouissance » de voir en place des institutions élues dans un pays qui s’achemine vers la paix et la stabilité est troublée par des « signes préoccupants » que les huit évêques la province ecclésiastique de Lubumbashi (Sud du pays) ont indiqués dans un long message rendu public et destiné en particulier aux nouveaux dirigeants. «Il serait illusoire de croire que notre peuple est dupe » affirment les prélats, dans ce message intitulé « Que notre espoir ne soit jamais déçu ». La première préoccupation est liée aux ressources naturelles et à la crainte que la paix et la stabilité retrouvée, favorisant des investissements économiques massifs, puisse se transformer en vaste pillage des ressources naturelles : « Pour nous le temps de ne servir que les intérêts étrangers est définitivement révolu » insistent les évêques, « le peuple congolais n’est plus en mesure de supporter la néo-colonisation, moins encore de servir d’appât pour l’enrichissement illicite d’une minorité de congolais et de quelques étrangers jouissant des faveurs de certaines autorités au pouvoir ». Les nouveaux élus sont également appelés à modérer leur triomphalisme et l’opposition à sortir de sa léthargie pour faire fonctionner l’appareil démocratique.


Dans une mise en garde au pouvoir en place, l’Eglise dénonce le pillage des ressources naturelles de la RDC,
par DIOSSO OLIVIER (Le Potentiel)
« Pour nous, le temps de ne servir que les intérêts étrangers est définitivement révolu », font remarquer l’archevêque et les évêques de la province ecclésiastique de Lubumbashi dans cette déclaration sur une situation qui, visiblement, les révolte. Dans ce message aux nouveaux dirigeants intitulé « Que notre espoir ne soit jamais déçu », parvenu à l’agence de presse catholique Misna, ils soulignent le fait que « le peuple congolais n’est plus en mesure de supporter la néo-colonisation, moins encore de servir d’appât à l’enrichissement illicite d’une minorité des Congolais et de quelques étrangers jouissant de faveurs de certaines autorités au pouvoir ».
La source note que les évêques de la province du cuivre demeurent préoccupés par l’exploitation maffieuse des ressources naturelles et la crainte que la paix et la stabilité relativement retrouvées.
Ils soutiennent, poursuit la même source, qu’à la place des investissements économiques massifs auxquels s’attend le Congo démocratique, cette situation risque d’entraîner un vaste pillage des ressources naturelles.
Aussi demandent-ils aux nouveaux dirigeants, surtout de leur province, de mettre de l’ordre dans le secteur minier. En effet, soulignent-ils, « le Congo n’est ni à vendre ni à brader, fût-ce au nom des intérêts d’une minorité occulte. » Ces pasteurs exigent que tous les contrats miniers soient réexaminés par le Parlement. Car ils s’inscrivent en faux contre le fait que « les retombées économiques et sociales de l’exploitation minière au Katanga semblent presqu’inexistantes. » Sans oublier de s’indigner d’un fait étrange : « Plus les investisseurs miniers envahissent le Katanga, plus la pauvreté, le chômage et le problèmes sociaux augmentent. »
En effet, « il ne faut pas que le retour annoncé des investisseurs et la reprise de la coopération bilatérale se transforme en cauchemar pour les intérêts du peuple congolais », C’et ainsi que la gestion du secteur minier occupe une partie importante dans le document des princes de l’Eglise catholiques du Katanga.

TEXTE INTEGRAL SUR http://www.cenco.cd/annuaire/lubumbashi/espoirdec.htm
 
Assainir le secteur minier

 

Les minerais font partie des richesses naturelles dont Dieu, dans sa bonté ineffable, a doté notre pays. Grâce aux minerais, le sud de notre province dispose d’infrastructures sociales remarquables qui, aujourd’hui, connaissent un délabrement lamentable à cause de la situation dramatique que nous connaissons tous. Toutefois, au lieu de contribuer au bien commun, cette richesse tend à devenir, hélas, une source de beaucoup de maux pour le peuple katangais.


- Enjeux miniers

Le secteur minier dans notre province est entouré d’un flou dont nous sommes tous témoins. Depuis quelques années, nous observons un afflux d’investisseurs étrangers. Des carrières et des chantiers d’exploitation prolifèrent. Des usines de traitement de mines, dont certaines sont placées en pleins quartiers de forte concentration démographique, poussent comme des champignons. Le réseau routier, quant à lui, est fort sollicité par des engins lourds qui sillonnent jours et nuits, en causant les dommages que l’on peut imaginer.
A certains endroits, on procède à la délocalisation forcée de paisibles citoyens, en vue d’exploiter les minerais enfouis dans le sol. Cette délocalisation se fait souvent avec brutalité, moyennant une minable contrepartie financière qui ne vaut même pas un mois d’un salaire minimum. Témoins de ce genre d’événements tragiques, nous nous demandons quelle est la valeur morale d’un Code minier et d’un Cadastre minier qui sacrifient le bien commun de la population et abandonnent des populations entières à la merci des investisseurs miniers étrangers peu scrupuleux.
Nous constatons aussi que les congolais qui sont embauchés dans les sociétés minières sont victimes d’un traitement qui n’est ni respectueux de leur dignité d’hommes, ni de la législation congolaise en matière de travail. Beaucoup ne disposent même pas d’un contrat de travail. Alors que leurs collègues expatriés jouissent de salaires faramineux, à eux on impose le statut de journaliers pendant de longues périodes.
Quant au nombre de creuseurs artisanaux, il ne cesse d’augmenter. Le seul Katanga en compte près de 70.000. On assiste régulièrement à leurs affrontements avec des investisseurs miniers qui envahissent des concessions en brandissant des documents octroyés par le Gouvernement central. En outre, ils consacrent beaucoup d’énergies dans des conditions très risquées pour un petit rien. Ils sont surexploités par de petits négociants et par de nombreuses personnes occultes oeuvrant dans les milieux de la sécurité. Bien souvent, avouons-le, ces creuseurs sont aussi à la base de beaucoup d’insécurité.
En outre, l’exploitation minière entraîne la dégradation écologique. Il suffit, pour s’en convaincre, de constater à quel point des villes comme Likasi, par exemple, ont atteint un degré de pollution fort avancée et dont on constate visiblement les effets nocifs sur la vie de la population et sur notre environnement. Sur ce point, nous nous demandons aussi dans quelle mesure la présence de l’uranium dans une partie de notre province pourrait épargner la composition chimique des autres minerais (cuivre et cobalt) exploités dans les zones environnant Shinkolobwe. Nous dénonçons le mutisme qui entoure cette question d’écologie dans notre province et invitons les nouveaux dirigeants à prendre leurs responsabilités en cette matière[8].
Par ailleurs, les termes de contrats signés entre les gouvernants et les investisseurs demeurent inconnus de la majorité de notre peuple. A la lumière du rapport du Pannel de l’ONU, du rapport parlementaire de la Commission LUTUNDULA et de beaucoup d’autres études, plusieurs personnes pensent que la plupart de ces contrats, sinon tous, sont léonins. De fait, nous ne sentons pas que l’Etat congolais en tire un grand profit. En tout cas, le peuple n’en bénéficie pas. Les retombées économiques et sociales de l’exploitation minière au Katanga nous semblent presque inexistantes. Un fait étrange nous bouleverse : plus les investisseurs miniers envahissent le Katanga, plus la pauvreté, le chômage et les problèmes sociaux augmentent.
En outre, le nombre de compagnies minières dans notre province est sensé augmenter les recettes de l’Etat. Mais, au Katanga, il existe un mystère épais sur les taxes payées par les investisseurs miniers. Le réseau routier, à la réhabilitation duquel elles sont entre autres sensées contribuer, souffre d’une tragique vétusté. Si rien n’est fait pour changer cette situation dramatique, le sud du Katanga perdra le peu de praticabilité de ses routes.

- Mettre de l’ordre dans le secteur minier

Pour nous, il est clair que les minerais ne profitent ni à notre population, ni à notre pays. Alors que les bénéfices des investisseurs croissent sensiblement, les travailleurs, eux, s’appauvrissent davantage. Notre économie locale n’en tire apparemment pas de profit palpable. Le peuple se demande à qui profite finalement l’exploitation minière au Katanga.
Nous demandons aux nouveaux dirigeants de notre province de mettre de l’ordre dans le secteur minier, en sachant que le Congo n’est ni à vendre, ni à brader, fût-ce au nom des intérêts d’une minorité occulte. Les richesses de notre province doivent profiter à notre peuple. Les lois régissant leur exploitation doivent être claires et les conditions de travail conformes à la dignité humaine. Il importe, pour cela, que les contrats miniers soient réexaminés par notre Parlement. Celui-ci veillera à ce que les intérêts de notre pays et particulièrement ceux des populations locales soient garantis et respectés.
Nous saisissons cette occasion pour manifester publiquement notre indignation par rapport à la menace que les creuseurs miniers artisanaux font peser sur le lycée Lubusha de Luisha, dans l’Archidiocèse de Lubumbashi. Nous demandons aux autorités provinciales de sauver ce joyau touristique, consacré à l’éducation de nos filles, en éloignant les creuseurs miniers artisanaux et en punissant ceux qui se cachent derrière eux.
De même, nous faisons remarquer que les minerais ne sont pas la seule richesse du Katanga. Il y a aussi le secteur agricole et celui du tourisme, sans oublier le bois et la pêche, qu’on tend souvent à occulter indûment. Dans la perspective d’un développement durable dans notre province, il est urgent que le peuple katangais poursuive la réflexion sur « un Katanga sans mines ». C’est un devoir et une responsabilité au sujet desquels nous serons jugés par les générations à venir. Car, comme a enseigné Vatican II « On peut légitimement penser que l’avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer »

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