Le procès de la nudité de "Mot de passe"

Publié le par Grand Beau et Riche Pays

L’analyse des textes légaux et la pratique judicieuse du droit se veut être un courageux passage « du passionnel au rationnel ». Tant que la passion inhibe l’esprit, n’allez pas lire un texte de loi : vous risquez d’y lire non ce qui est écrit  mais ce qu’il vous plaît d’y trouver.

 

Par J. Mukonga


Lubumbashi le 5 Février 2014. L’internet révèle son cynisme dévastateur. Les images de Monsieur Dhédhé Mupasa, alias « mot de passe » --- mécène culturel, opérateur économique et homme politique --- défraient la chronique.  Quelles images ? L’homme s’est filmé en train de faire l’amour avec une femme autre que sa femme. Pornographie pur jus. Par un malheureux hasard, la séance a été balancée sur le net…Et c’est à qui visualisera… 

L’homme devint un proscrit, un paria. L’officiant de la messe de neuf heure à la chapelle Imara ne manquera pas de faire allusion à cette affaire dans son homélie du 09 février. Le 05 février, Dhédhé est interdit d’accès à toutes les installations abritant les bureaux de la douane. Le 8 février, les dignitaires du Katanga excluent l’homme et enjoignent la chancellerie des ordres nationaux de lui retirer ses décorations


EN DROIT     L’homme s’est filmé, mais ses images privées ont été volées et balancées sur le net. Du même coup la culpabilité juridique a changé de camp.


D’ un côté, et selon l’Article 31 de la constitution : «  toute personne a droit au respect de sa vie privée. Il ne peut être porté atteinte à ce droit que dans les cas prévus par la loi ». La liberté sexuelle postule le droit pour chacun d’organiser sa vie sexuelle comme bon lui semble. En l’espèce, aucune loi n’ a été violée lorsque des relations sexuelles ont eu lieu entre adultes consentants, dans l’intimité d’une chambre d’hôtel.


D’ un autre côté, le corollaire de cette liberté est le droit à l’image. C’est à ce titre que l’homme a gravi les marches du palais de justice de Lubumbashi pour se rendre au Parquet Général. Dans les couloirs, on susurre que l’homme aurait porté plainte contre inconnu.


Enfin, il y a des limites à l’obsession actuelle de vouloir tout « immortaliser » avec smartphones et tablettes. Moments de bonheur et moments de perversité intime. En filmant des ébats sexuels, le plaisir s’envole mais les images restent ; et celles-ci peuvent être accaparées et, même, exposées au public. Le code pénal y veille.  Selon l’article 175 « quiconque aura exposé, vendu ou distribué … des images … contraires aux bonnes mœurs, sera condamné à une servitude pénale de huit jours à un an et à une amende de vingt-cinq à mille zaïres ou à l'une de ces peines seulement ».  Aux yeux de la loi, le pervers n’ est pas l’ acteur, mais le diffuseur.


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article